Bien avant la publication de LArgent des pauvres aux éditions du Seuil, en 1985, une réception relativement élogieuse et consensuelle sur la vie quotidienne danciens habitants de bidonvilles relogés en cité de transit dans les années 1975/1982, une longue enquête fut nécessaire. Soit un ensemble de récits de terrain, des comptes mensuels en solde négatif, des acrobaties et ses combinaisons racontées par les auteurs. Nous publions ces précieux inventaires qui rendent aux choses leur complexité, les modes detre et les modes de mesurer, dou ce titre en clin dil, Les comptes des il a fallu suivre de près comment lon compte lorsquon a peu dargent. Comment faire au jour le jour pour finir la semaine dont on ne sait pas avec qui elle va finir ? Comment refaire encore « le budget » à mesure des aspérités, des tourments relationnels et des obstacles de dettes nouvelles ?Soit une ethnographie qui travaille aux limites des intimités qui se logent dans le frigidaire, le bureau de lassistante sociale autant que dans les réseaux dintelligence de leconomie transformant lobservation en immersion, les échanges invisibles en compte, les temps dactivite mêlant les valeurs sociales et les évaluations du jour, cette « anthropologie des expédients » nous aide à comprendre les lieux et les intrigues de la pauvreté condition économique qui nest pas sans conséquences dans la compréhension de notre présent.